Retable

Ce retable est de facture typiquement rhénane. Les influences flamandes, de l'Italie du nord et allemandes sont indéniables. A l'époque de sa réalisation, les ateliers issus de l'école du beau Martin Schongauer (1442 ?- 1491) seront plusieurs à exercer leur art à Colmar. Il est évident que ce retable provient de l'atelier d'un de ces élèves, un œil avisé y décèlera cependant l'intervention de plusieurs mains.
C'est la pièce maîtresse du mobilier de l'église paroissiale Saint Jean-Baptiste de BUHL. Cette œuvre peinte sur un support en bois date de la fin du XV° ou tout début du XVI° siècle.

Le retable (contrairement à ce qu'ont prétendu certains historiens) n'a pas été peint pour l'église de Buhl. C'est le rescapé d'un sauvetage opéré pendant la Révolution (1789-1799) par 2 citoyens buhlois (Joseph Amarin CLAD né le 12/10/1756 et son beau-frère), qui au retour d'un transport de fourrage en 1794 vers le pays rhénan où était stationnée l'Armée du Rhin, virent amassés sur une place de Colmar pour y être détruits, de nombreux tableaux et autres objets enlevés dans les églises et couvent de la ville. Nos 2 citoyens parviennent à acquérir les ‘ 2 tableaux ‘ à leurs gardiens moyennant un petit fût de vin du Sporlen, qu'ils avaient eux-mêmes acquis à Turckheim, telle est du moins la version que nous a transmise la tradition locale et familiale. Toujours est-il que le triptyque est transporté de nuit à Buhl et caché dans les dépendances de la famille CLAD situées près de l'actuelle mairie et détruites lors de la Première Guerre Mondiale. Les protagonistes de cette épopée firent don du retable à la paroisse, lorsque les tourmentes de la Révolution se furent apaisées.

En 1835, installation du retable dans l'église paroissiale (celle précédent l'église actuelle).

En octobre 1841 les « tableaux de l'église de Buhl » sont classés parmi les monuments historiques du Haut - Rhin.

En 1895 le retable part à Strasbourg pour figurer à la grande exposition d'art alsacien.

C'est par un vote du conseil municipal du 18 juillet 1910 (8 voix contre 6) que le conseil de fabrique reste propriétaire du retable.

Pendant la Première Guerre Mondiale, par mesure de sécurité, le retable est transféré, au château du Haut-Koenigsbourg.

En février 1940 les tableaux quittent à nouveau Buhl pour être mis en sûreté à Périgueux. En 1944 le retable transite par le couvent du Mont Sainte - Odile, puis par le château Rohan et le palais épiscopal de Strasbourg avant de revenir à Buhl le 4 juillet 1946 sur l'insistance d'un membre du conseil de Fabrique.
Ce n'est qu'en 1961 que le triptyque est reconstitué et remis provisoirement en situation sur le maître autel. (Joseph BOSSHARDT était curé à Buhl à cette époque).

Le conseil municipal en séance du 19 juin 1965 décide de confier le retable de Buhl à la société SCHONGAUER pour sa remise en état par des spécialistes. En contrepartie, le retable, après travaux, sera exposé pendant cinq ans au musée des Unterlinden de Colmar.

Le 25 novembre 1965, le retable est expédié à Paris pour être restauré, ou plutôt nettoyé, dans les ateliers du Louvre.

En 1966 le retable revient en Alsace, et le 10 juillet, le retable de Buhl figure en vedette à l'exposition des trésors d'art sacré à Colmar au musée des Unterlinden.

L'ouvrage est classé monument historique depuis le 1° mars 1967.
Le 29 juin 1971 à l'occasion de la fête du centenaire de l'église Saint Jean Baptiste, retour du retable et installation dans le chœur, sous la houlette du curé Paul Eichmann qui avec d'autres appuis (Municipalité et Conseil de Fabrique) a réussi à récupérer cette œuvre auprès de l'association Schongauer.

Une nouvelle association le 26 mars 1998 est crée à Buhl sous l'appellation « Les Amis Du Retable » sous l'impulsion du maire de l'époque, Jean-Marc Schreiber.

Pendant le 4ème trimestre 2015, après des travaux de sondage, le retable est doté d'un nouveau système d'éclairage qui lui donne un aspect « musée » et fait apparaître des teintes que l'on avait jamais pu déceler auparavant.

 

 

Carte de Buhl